En vidant l’espace public, le premier confinement a réduit au silence les mouvements sociaux. Plus de gilets jaunes dans les rues, plus de manifestations à Hong-Kong, plus de chants de révolte à Beyrouth, plus de collages féminicides. La distanciation physique ne s’est pourtant pas accompagnée tout à fait d’une distanciation sociale : elle a renforcé le besoin de contacts et resserré les liens entre activistes, qui ont trouvé de nouvelles façon d’agir.
Dans plusieurs villes de Pologne par exemple, des militantes féministes ont défilé avec des banderoles, à pied, à vélo ou en voiture, ont manifesté dans les files d’attentes de supermarché, pour défendre les droits des femmes. Des militantes de toute l’Europe les ont soutenues depuis leur domicile à travers le hashtag #ProtestAtHome.
En France, en Corse plus précisément, Laura Paoli Pandolfi a fait partie de ces jeunes militantes féministes de l’ère MeToo, très active sur les réseaux sociaux. En juin 2020, Laura a fait fleurir le hashtag #iwas, sur le modèle de #metoo, en créant le compte #IWasCorsica, qui a commencé à relayer les témoignages d’agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, des faits auxquels les femmes ont été confrontées, accompagnés de leur âge.
> En savoir plus sur le mouvement #IWasCorsica et les victimes de violences sexuelles qui sortent du silence en Corse
La crise a obligé le militantisme à se réinventer dans ses formes à travers les réseaux sociaux. Elle a aussi poussé le militantisme à se réinventer dans sa structure, puisqu’elle rendu possible l’engagement de femmes et d’hommes, en crise de sens, qui cherchent à s’impliquer davantage dans des causes en particulier féministes. Enfin, elle a favorisé le renouvellement des sujets des luttes elles-mêmes, la crise ayant mis en exergue les failles et les inégalités de notre système social.
C’est le cas pour la Fondation des Femmes elle-même, qui a organisé toute sa campagne du 8 mars autour de la place des femmes pendant le covid, en première ligne dans la mobilisation contre la Covid-19, et contre les effets de la crise pour les associations de terrain qui ont redoublé d’efforts pour aider au mieux les femmes victimes de violences et leurs enfants, et les femmes précarisées.
Située au coeur de Paris dans une ancienne école publique, la Fondation a ouvert un espace qui héberge une quinzaine d’associations féministes, qui se rassemblent en rez-de-chaussée, quand elles descendent de leurs bureaux, dans le grand café Mona, qui attend sa réouverture pour devenir le lieu où s’inventeront les futures actions militantes.
Anne Cécile Mailfert, qui a créé la Fondation des Femmes en 2016, nous offre son témoignage sur la particularité de cette période pour le militantisme, pour sa Fondation, mais aussi sur ce que ça veut dire que s’engager, et d’où ça vient.
> En savoir plus sur Regarde Moi Bien, l'action menée par la Fondation des Femmes à l'occasion du 8 mars 2021
Crédits :
Écrit et conçu par Mahaut Chaudouët Delmas
Interviews préparées et réalisées par Mahaut Chaudouët Delmas et Luna Gay-Padoan
Réalisation montage mixage musique par Thomas Loupias
Action financée par la Région Ile-de-France
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.