Show cover

Dominique Rolin a publié une quarantaine de livres en soixante ans. A ceux-ci s’ajoutent une colossale correspondance avec Jim, rencontré en 1958, alors qu’elle a quarante-cinq ans et lui vingt-deux, pseudonyme derrière lequel se cache Philippe Sollers qui fut le grand amour de sa vie mais aussi celui qui permit à la romancière de changer de cap littéraire.

 

C’est aux romans qui précèdent ce bouleversement formel qui explorera les limites de la forme romanesque mais aussi le passé et le temps « qui n'est qu’une interprétation malveillante de la vérité » comme elle l’écrit dans la préface à la réédition (en 1991 chez Gallimard) de son premier roman, Les Marais, initialement publié chez Denoël en 1942, qu’est consacré cet épisode.

 

Roman de la cruauté, écrit à « l’odeur de louve » pour reprendre l’excellent mot de Robert Poulet, Les Marais parut d’abord en épisode dans un journal belge, Cassandre, tenu par Paul Colin, du 15 décembre 1940 au 16 février 1941. L’œuvre est si bonne que Colin et Poulet abandonnent l’idée de le publier en Belgique, patrie de Dominique Rolin, pour le proposer à Paris où Robert Denoël l’acceptera avec enthousiasme.

 

Il est encensé par Max Jacob et Jean Cocteau qui se font abuser par le prénom et la plume de Dominique Rolin, l’appelant « cher maître. » Ce roman, véritable morceau de hargne (ainsi que les premiers romans de Dominique Rolin) est aussi de ceux qui dominent leur auteur plutôt que lui ne les domine. Les personnages semblent décider, se jeter eux-mêmes dans la gueule du loup selon une trajectoire totalement imprévisible, fort d’ellipses et de métaphores inédites.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.