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Mille-neuf-cent-trente-deux est une année de problème technique dans l’automate littéraire. Deux pannes vont se succéder coup sur coup. C’est d’abord Gallimard qui rate le manuscrit du Voyage au bout de la nuit de Céline et c’est ensuite le prix Goncourt qui rate Céline. Le résultat va faire grand bruit.

 

On s’écharpe dans la presse, on s’accuse, on s’insulte, on use de droit de réponse et finalement on porte plainte. Lucien Descaves sous-entend que cette affaire est politique, que les amitiés entre l’édition et la presse sont suffisantes pour imposer les choix. Dans Crapouillot, un journaliste accuse Rosny aîné de vendre chaque année sa voix. Un autre journal parle de complot mené par Roland Dorgelès – autre membre du jury Goncourt… L’affaire Céline se porte à merveille, des mois après la parution du roman.

 

Une chose est sûre, Gallimard et le Goncourt ne doivent pas se tromper pour la nouvelle année. Vient donc le temps des candidats pour la cuvée 33 et l’on trouve parmi eux des débutants comme des auteurs confirmés et parmi eux un inconnu de trente-cinq ans dont le premier roman, L’indifférence perdue, n’est pas moins tapageur que celui de Céline. La polémique commence dans les journaux ! Des dizaines d’articles, un : Pour ou contre L’indifférence perdue dans le journal Marianne. On le compare à à de multiples reprises à Céline, mais « un Céline lyrique. »

 

Pour les uns, c’est une horreur absolue, la logorrhée d’un fou sans doute ; pour les autres, c’est la marque du génie et d’un écrivain en avance sur son temps… C’est en tout cas un roman unique qui n’eut aucun aïeul et n’aura aucun descendant. Ce qu’on appelle aujourd’hui un ovni. Alors, un siècle plus tard : grand roman ou roman illisible ?

 

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