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Retour sur les années 70 à l'occasion du décès, le 2 décembre 2020, de Valéry Giscard d'Estaing, qui fut président de la République de 1974 à 1981. Un flash back consacré au monde du travail, du droit du travail et des relations sociales dans la France de l'époque, où l'on voit que cette période de la fin des 30 Glorieuses et du début de la crise économique a, sur de multiples points, façonné la nôtre.

Dans ce 12e épisode, Le Micro Social fait raconter ses années 70 à Jean-Louis Malys, qui fut par la suite secrétaire national de la CFDT en charge des retraites. Ce jeune militant devient ouvrier en 1974 dans la sidérurgie lorraine. Jean-Louis Malys va vivre la fermeture des hauts fourneaux, qui donne lieu à de violents conflits sociaux, et les premières négociations sur la fermeture des sites et les pré-retraites, qui permettent d'éviter les licenciements.  Ce drame aura aussi, selon Jean-Louis Malys, des conséquences sur l'histoire sydicale française.

Laurent Willemez, qui enseigne la sociologie à l'université Versailles Saint Quentin en Yvelines, est l'auteur d'une histoire du droit du travail (*). Il nous resitue ici le contexte de l'après 68, avec un pouvoir exécutif qui craint les émeutes populaires et ouvrières. Une époque qui crée les nouvelles procédures de licenciement économique, qui généralise les prud'hommes partout en France et qui préfigure aussi ce que nous connaissons aujourd'hui avec les concertations et le dialogue social mais aussi sur le plan d'une politique économique et sociale plus libérale. 

(*) Laurent Willemez, Le travail dans son droit. Sociologie historique du droit du travail en France (1892-2017), Paris, LGDJ (Contextes), 2017, 198 p. 


Quelques repères temporels ou time code

02:00 : Jean-Louis Malys en 1974 : il commence à travailler comme ouvrier dans la sidérurgie en Moselle, à Uckange

03:50 En 1974, la sidérurgie recrute et a du mal à recruter des jeunes Français à la production

04:50 : La crise de la sidérurgie a commencé en 1977 avec la première annonce de fermeture du site des hauts fourneaux de Thionville

05:16 : C’était une décision incompréhensible, impensable pour les gens sur place

05:50 : La négociation a abouti à la première CGPS, la convention générale de protection sociale

06:35 En 1979 il y a l’annonce de la fermeture des sites de Longwy, Denin, Valenciennes…

07:24 L’Etat annonce des licenciements mais il y a une énorme mobilisation et l’obtention d’énormément de préretraites à 55 ans et même 50 ans pour les sites qui ferment

08:20 Cela explique pourquoi la retraite à 60 ans paraîtra ensuite naturelle

08:50 Jean-Louis Malys était dans des mouvements maoistes ouvriers. 

09:09 A Longwy des militants de la CGT mais surtout de la CFDT étaient très « offensifs » 

09:45 La différence de positionnement entre la CGT, qui craint de faire peur aux électeurs potentiels du programme commun de l’union de la gauche, et la CFDT

10:30 A Longwy, l’usine a été occupée mais ils ont aussi attaqué la chambre patronale et le commissariat avec des bulldozers ! 

10:55 Tout le monde craignait que cela tourne au conflit armé. Autour de la ville, les militants filtraient les gens qui entraient pour éviter que des armes ne soient introduites

11:40 « Il ne suffit pas de faire de belles manifs. Après les fermetures, il fallait s’occuper des gens »

12:10 La convention de 1979 a multiplié les retraites et permis des reconversions qui ont évité les licenciements, qui arriveront dans les années 80

13:00 C’étaient les premières négociations de plans sociaux et le souci de créer du dialogue social malgré les crises, d’où une première rupture entre la CFDT et la CGT

13:30 Quel bilan des années Giscard : globalement positif ou négatif ?

13:38 : Les deux ! VGE a amélioré le régime des militaires appelés. 

13:55 Il y a eu aussi toutes les évolutions sociétales sur l’IVG, le droit de vote à 18 ans…

14:19 Mais les radios libres restaient interdites

14:30 Au niveau social, mis à part les lieux de luttes syndicales, il y avait assez peu de dialogue social, y compris pour les licenciements économiques dont c’était le début

14:58 C’était aussi une période de répression, et pas une période aussi douce que certains veulent dire aujourd’hui

16:20 Laurent Willemez, que peut-on dire des années 70 sur le plan du travail, du droit du travail et des relations sociales ?

16:33 Ce sont des années de grande ébullition, avec de nombreuses grèves, une forme « d’insubordination ouvrière » selon l’historien Xavier Vigna

16:50 Les gouvernants avaient peur et concédaient des avancées aux travailleurs

17:12 L’arrivée de la crise économique et l’émergence du néolibéralisme avec Raymond Barre

17:45 Les avancées sur la régulation du licenciement

18h24 En 1979 on a peut être la loi la plus importante du septennant sur le travail, avec une loi qui concerne les prud’hommes, le juge devant pouvoir juger les licenciements

19:00 Le rôle plus important des sections syndicales

19:30 L’émergence du dialogue social et de la concertation, avec notamment Robert Boulin, le ministre du Travail

20:15 Le rapport de Pierre Sudreau sur l’entreprise suggère d’octroyer un tiers de représentants des salariés dans les conseils d’administration des entreprises !

21:00 Le rapport de Sudreau, qui n’a pas eu d’effet, voulait donner davantage de place aux hommes dans l’entreprise, et associer davantage les syndicats aux décisions

21:40 Le paysage syndical des années 70 : une CGT marxiste et communiste, une CFDT qui amorce son « recentrage » vers le dialogue et la discussion

23:00 Peut-on parler d’un droit du travail à « la sauce » Giscard ?  

24:25 Fin