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Vous allez me dire que je parle souvent de Chanel, mais c’est que j’admire profondément la trajectoire de Gabrielle Chanel, mais aussi de Jeanne Lanvin, Jeanne Toussaint, Misia Sert, Madeleine Vionnet, Marguerite Durand et tant d’autres. Toutes ces femmes qui ont su se bâtir une vie, seule, alors même que la femme dument mariée était jugée incapable par la loi, imaginez alors le statut d’une célibataire ! Ces femmes qui ont créé des entreprises alors que la loi ne leur permettait pas d’ouvrir seule un compte bancaire (ce qui n’arrivera pour mémoire, qu’en 1965)

Ces femmes ont révolutionné leur monde dans la mode, la joaillerie, la presse. 

Si j’aborde la collection de joaillerie que Gabrielle Chanel a présenté en 1932, c’est parce que je pense que cette manifestation atypique à son époque et typique de son audace est aussi représentative du renouveau et des nécessaires adaptations qui nous attendent aujourd’hui.

1932 C’est un monde qui craque.

Dans ces circonstances, se lancer dans la joaillerie peut sembler dingue, risqué et même non approprié.

C’est pourtant ce que décide Gabrielle Chanel.

Elle qui s’est fait connaitre par ses bijoux faux, ses fausses perles qu’elles mêlaient au vraies. Elle décide de créer une collection en diamants.

Ce qui est sûr c’est que c’est la seule intrusion en haute joaillerie de son vivant car le département joaillerie ne sera créé qu’en 1993. Cette action avait donc un sens car Gabrielle Chanel était très souvent visionnaire.

Si elle crée cette collection unique de joaillerie c’est parce qu’elle est persuadée qu’en période de crise on se retourne vers des valeurs fondatrices : l’authenticité, l’innovation et la solidarité. 

Tout d’abord considérons l’authenticité

Ses matériaux sont authentiques, en vrais diamants et platines. Aucun mélange entre le vrai et le faux, au contraire de son style habituel.

Toute seule, et envers tous, elle a su créer son ADN de marque et sa joaillerie, en one-shot, constitue son identité de marque : l’adaptation au temps, la ténacité, la thésaurisation sur les savoir-faire d’excellence.

Maintenant, explorons l’innovation

Tout d’abord, elle ne met pas en boutique mais elle crée une exposition, ce qui à l’époque est complètement inusité.

Ensuite ces bijoux ne sont pas disposés dans des écrins mais sur des mannequins de cire, pour l’époque mettre en scène son produit en porté véritable est une révolution.

Aujourd’hui on pourrait traduire par : elle a révolutionné l’espace de vente et l’expérience client.

Bien sûr il y a un diadème, un bijou de cheveux, un sautoir, les pièces nécessaires de l’époque.  Il y a un travail sur le sens du bijou et sur le porté des bijoux qui est très novateur pour l’époque. La palette chromatique est unique : le blanc, les formes sont simples et épurées, les fermoirs sont supprimés et les pièces sont transformables. Il y a même une bague entre-doigt ouverte dans sa collection, ce porté que l’on ne revoit que depuis seulement quelques années.

Enfin, développons la solidarité

L’exposition de « bijoux de diamants » est payante, 20 francs de l’époque. Ce qui voulait dire qu’elle était ouverte à tous et qu’elle devait être considérée comme un art et non un acte marchand. Et ces fonds sont dédiés à 2 œuvres la « Société de la charité maternelle de Paris » et « l’Assistance privée à la classe moyenne », reconnue d’utilité publique. 

Gabrielle Chanel avait déjà compris que dans les temps difficiles la solidarité doit exister et que les premiers à pouvoir et devoir l’exercer sont ceux qui représentent la puissance et le luxe. 

En janvier 2012, la maison Chanel présentera une collection « 1932 » inspirée de la joaillerie de Gabrielle Chanel. 80 pièces inédites à l’occasion du 80me anniversaire de « Bijoux de Diamants » qui respectent tous les codes de 1932.