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Vous voulez savoir comment on parvient au sommet de l’Everest après avoir subi un AVC et avoir été emporté par une avalanche ?

 

Il est compliqué de décrire en quelques mots le parcours d’Orianne Aymard. Son CV  provoque des maux de têtes tellement il est riche, original voire sinueux. Il ne peut en tout cas pas être logé dans une case.

 

Orianne a été, tour à tour, diplomate, humanitaire, consultante, chercheure, enseignante à l’université et écrivain  :

  • elle est détentrice d’un PhD (sciences des religions) de l’Université du Québec à Montréal et a été chercheure invitée à l’Université Columbia, ainsi qu’associée de recherche à l’Initiative humanitaire de Harvard (HHI) ;
  • elle a assuré des missions auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Afrique mais aussi en Haïti après le séisme, où elle est responsable des zones considérées comme les plus dangereuses de l’hémisphère nord, comme la Cité Soleil qui une véritable zone de guerre qui oppose les gangs armés et les forces de sécurité ;
  • elle a travaillé au Ministère des Affaires étrangères où elle était responsable des questions religieuses et de radicalisation lors des attentats en France en 2015, ainsi qu’au Centre de Crise, en charge, entre autres, des projets ‘droits de l’homme’ et ‘prévention de la radicalisation’ dans les zones de conflit.

Mais le parcours extraordinaire de cette femme qui suit ses intuitions et ses passions a failli s’arrêter brutalement à 25 ans. Alors qu’elle séjourne près de la tombe de celle que l’on considère comme l’une des plus grandes figures spirituelles de l’Inde moderne, Ma Anandamayi , la « Mère de la Joie », dans les contreforts de l’Himalaya indien, Orianne Aymard est victime d’un accident cérébral.


Elle embrasse alors la mort qui l’étreint, feint de l’emporter mais finalement lui laissera une seconde chance. En effet, Orianne déjoue les pronostics, s’en sort mais les médecins lui expliquent qu’elle doit renoncer à la haute altitude ou à la plongée.

Mais cette expérience quasi-mystique ne fera que renforcer la détermination d’Orianne à poursuivre ses rêves en dépit des avis médicaux. En particulier, et alors qu’elle n’a aucune expérience significative en alpinisme, elle décide de gravir le Lhotse  (8,516 m), sommet satellite du mont Everest et 4ème plus haut sommet au monde. Malgré le déroulement chaotique de son expédition elle parvient au sommet le 23 mai 2019. Au sommet, elle contemple l’Everest , la mère de toutes les montages. Ce sera son prochain objectif.


Là encore, Orianne se joue de la mort qui manque de l’emporter lors d’une chute de sérac au cours de laquelle elle a été blessée. Mais cela ne suffit pas à l’arrêter : après une convalescence de quelques semaines et plutôt que de retourner dans le confort de sa vie chamoniarde, Orianne se lance à nouveau à la conquête de l’Everest dont elle atteindra le sommet en mai 2023.


Je ne vous en dit pas davantage. Notre échange avec Orianne est riche d’enseignements et d’inspirations et rappelle, notamment, à quel point il est indispensable de refuser ce que j’appelle le déterminisme : « tu es fait pour faire tel métier », « non, ça c’est pas pour toi » ou « je n’en suis pas capable je n’y arriverai jamais » ou encore « il ne faut pas s’éparpiller »…

Vivre c’est gouter, expérimenter, tomber, se relever, regretter, recommencer…mais c’est surtout vaincre. Vaincre ses peurs, celles des autres, vaincre ses limites, celles que les autres nous imposent. 

Vivre, c’est se dépasser pour vaincre.


Références:


"Sous le soleil de la déesse" O. Aymard (éditions du Mont-Blanc)

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