« Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Une question presque systématique de notre quotidien lorsque nous rencontrons de nouvelles personnes.
Certaines personnes ne vont pas attendre qu’on leur pose la question pour se définir par le travail : je suis médecin, je suis avocat, je suis commerciale chez trucmuche etc….
Il m’arrive souvent d’entendre de mes clients qu’ils redoutent cette question. Notamment parce qu’ils ne sont pas fiers de leurs métiers. Ils me disent aspirer à en parler avec entrain lors de diners entre amis, là où, aujourd’hui, ils passent très vite à un autre sujet.
Pourquoi cette tendance à nous définir par notre job ?
Notre travail permet en réalité assez synthétiquement de définir notre contribution à la société. Il peut donner des repères sur qui nous sommes : on imagine l’ingénieur plutôt « scientifique », le chef de projet « organisé », le banquier « sérieux », le designer « fun ».
Derrière notre travail, il y a également un message de réussite : à priori, le médecin a brillamment obtenu un doctorat (bac +8 minimum) ; l’avocat a fait 6 ans d’études et obtenu le diplôme du CAPA.
On peut projeter derrière un métier le statut de la personne : ouvrier, agent de maitrise, cadre, indépendant, profession libérale,… et même s’imaginer le « salaire » lié à la profession.
Que se passe-t-il lorsque notre job ne reflète pas notre personnalité ?
Pour ma part, je me sens parfois gênée par le métier de « coach ».
Pourquoi ? Parce que ce métier n’est pas toujours pris au sérieux, qu’il y a une explosion de coachs actuellement et qu’il est peu encadré. Je rajoute souvent : « je fais ce métier depuis 8 ans... », histoire de préciser : « j’arrive à bien en vivre et ce n’est pas une lubie ».
J’avais aussi ressenti un gros malaise lorsque j’étais en transition professionnelle et donc au chômage… Comment me définir à ce moment-là ? Future coach ? Mère au foyer ? En recherche d’emploi ?
Aucune de ces descriptions ne me rendait légitime. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas un salaire qui rentre durant ces périodes… Pourtant, on ne peut pas dire qu’une mère au foyer ne crée pas de valeur, d’ailleurs, si elle faisait garder ses enfants par une nourrice, il y aurait un salaire à payer !
Et comment faire, lorsqu’on se définit par son métier depuis toujours ? Lorsqu’on exerce un métier qu’on a choisi par vocation et qu’après 10 ou 15 ans, il ne nous correspond plus ? Si je ne suis plus avocate, qui suis-je ? Je vous invite à écouter le témoignage d’Aurélie Panier, ancienne avocate qui a eu à traverser cette crise identitaire pour oser « quitter cette profession avant de la détester ».
Ce que j’observe, c’est que dans ces métiers très statutaires, la transition est particulièrement difficile. Là où la reconversion est devenue dans de nombreux secteurs totalement « ordinaire », dans d’autres, c’est tabou. Je pense que certaines personnes n’osent même pas y songer et continuent à travailler en serrant les dents.
Il y a donc un gros risque à surinvestir son job, à se confondre avec lui. Un licenciement, un burn-out ou la retraite peut créer un gros vide difficile à surmonter.
Pour le philosophe André Gorz, nous ne sommes pas que des travailleurs. Nous réduire à notre fonction sociale, c’est perdre toute la richesse existentielle de notre vie.
Je vous invite donc toutes et tous à vous entrainer à vous définir autrement. À identifier quels sont vos centres d’intérêt, vos qualités, vos aspirations.
Une cliente m’a confié avec émotion ce matin qu’à l’aube de la reprise d’une nouvelle mission, regonflée à bloc par le bilan et consciente de toutes ses qualités, elle souhaite dorénavant revendiquer ses compétences et ne plus chercher à être parfaite dans tous les domaines pour nourrir d’autres aspects essentiels de sa vie : l’amour de la danse et les mercredis avec ses enfants.